Si vous vous intéressez à l’innovation technologique et aux startups, vous connaissez très probablement Olivier Ezratty, auteur du Guide du CES mais aussi du Guide des Startups, une véritable bible pour les entrepreneurs. L’édition 2017 vient d’être mise en ligne. L’occasion de poser quelques questions à Olivier pour en savoir plus. Il est notre « Frappé » du mois de mai !
1- Bonjour Olivier ! Pourrais-tu te présenter en 3 mots ?
Saltimbanque
Curieux
Geek
2- Quelles sont tes 2 obsessions ?
Elles changent tout le temps. Je me suis ainsi penché sur l’Internet des objets, la fabrication des semi-conducteurs, la génomique et les biotechs, l’intelligence artificielles. En ce moment, je potasse l’astronomie comme un malade pour une conférence que je vais donner au Web2day à Nantes début juin 2017 au point que c’en est déraisonnable car cela ne m’apportera probablement rien côté business. Mais c’est une liberté fondamentale. J’aime sortir des cases. Je creuse aussi l’informatique quantique. En parallèle, je m’intéresse beaucoup à la politique américaine, à l’histoire et au devenir des démocraties.
La seconde est le partage et la transmission. Ma curiosité insatiable aboutit systématiquement au partage. D’où ma prolixité sur Opinions Libres ainsi que dans les nombreuses conférences que je donne, notamment dans les entreprises.
3- Tu publies chaque année le Guide des Startups. Comment t’es venue cette idée ?
En 2005, après avoir quitté Microsoft France, je voulais m’intégrer dans l’écosystème des startups et y contribuer. Après mes premières rencontres, notamment avec des VCs, je me rendais compte que je ne comprenais pas un mot sur trois de leur jargon (term sheet, ratchet, series A, …). J’ai cherché des sources d’information de référence sur le monde des startups et, n’en trouvant pas de satisfaisantes, j’en ai créé une, le Guide. Je l’ai ensuite amélioré de manière continue, puis fait appel de manière communautaire à de nombreux contributeurs pour le compléter.
4- Quoi de neuf cette année ?
Tout le guide évolue à chaque édition. Cette 21e édition comme les précédentes comprend des compléments et révisions sur quasiment toutes les pages. J’ai notamment ajouté deux marchés verticaux : la santé et les fintechs, pour décrire leurs écosystèmes et enjeux respectifs. J’ai aussi ajouté des éléments sur les technologies de l’intelligence artificielle utilisées par les startups. Et tout l’écosystème est à suivre à la trace, notamment les nouveaux accélérateurs et les programmes startups des grandes entreprises.
5- Tu as construit l’échelle de Richter des relations grands comptes et startups : peux-tu nous en parler ?
C’est une idée empirique issue de discussions avec divers intervenants de l’écosystème entrepreneurial. Elle décrit le processus de maturation de cette mode des grandes entreprises qui veulent toutes avoir leur programme startup, sans trop savoir pourquoi elles le font. Certaines entreprises se lancent de manière très maladroites. D’autres, qui font cela depuis longtemps et ont appris à mieux s’y prendre. Mais les grandes entreprises ne sont pas significativement plus innovantes qu’avant grâce à ces programmes.
6- Tu inclus des témoignages d’entrepreneurs dans le guide des startups : peux-tu nous donner 2-3 exemples de témoignages inspirants ?
Il y a notamment Rémy Taillefer avec « Les 10 piliers de ma prochaine vie d’entrepreneur » qui décrit très bien les hauts et les bas de son aventure entrepreneuriale et Joannes Vermorel, qui raconte l’histoire du pivot de Lokad, un éditeur de logiciels.
7- Le Guide des Startups, téléchargé plus de 34 000 fois, est donc lu par d’autres personnes que des fondateurs : qui sont-elles?
Il y a beaucoup de « wanabe entrepreneurs », ne serait-ce que dans l’enseignement supérieur. J’interviens dans des filières entrepreneuriales dans certaines écoles de commerces telles que Neoma à Rouen. Ils ont plus de 150 élèves chaque année, mais moins de 20% créent leur startup à l’issue du cursus ! Il y a ensuite un écosystème assez dense dans l’accompagnement. Au point que parfois, je me demande s’il n’y a pas plus de vendeurs de pelles et de pioches que d’entrepreneurs en France. Cela s’explique aussi par le dévoiement de la notion de startup. On en a oublié le sens originel. Maintenant, n’importe quel entrepreneur dans la tech devient « startuper », même s’il est en fait un indépendant ou a monté une simple activité de services qui n’a rien d’une startup.
8- As-tu l’intention de faire éditer Le Guide des Startups ?
Il l’a déjà été en version courte, de 150 pages, éditée par Bpifrance sous l’appellation « Génération Start-up ». Il en ont tiré 7000 exemplaires diffusés sur le terrain par leurs soins, notamment pendant la conférence BIG en juin 2016 à l’AccorHotelsArena.
Je ne prévois pas de l’éditer moi-même. Je préfère aller au plus simple : me focaliser sur le contenu et le diffuser gratuitement en PDF via Internet. 34 000 exemplaires, c’est largement plus que la grande majorité des livres d’économie ou d’entrepreneuriat qui sont publiés dans l’édition traditionnelle. Pourquoi faire compliqué lorsque l’on peut faire simple ?