Basée à Sophia Antipolis, la startup développe des logiciels de pointe pour faciliter le quotidien des data-scientists travaillant sur les séries temporelles.
Dans le vaste univers de la Data, Ezako a choisi son créneau. Cette startup spécialisée en intelligence artificielle, met le focus sur un type de données bien particulier, les séries temporelles. « Ce sont les données qui évoluent dans le temps, par exemple le prix d’une action, le battement du cœur, les capteurs de type pression ou température, qui collectent de la donnée à une fréquence régulière » rappelle le CEO Bora Kizil.
Ezako produit des logiciels pour effectuer sur ces données différents types de traitement. En premier lieu la détection d’anomalies, à laquelle s’ajoute la reconnaissance de patterns et plus récemment, la labellisation. Trois actions qui facilitent grandement la vie des data-scientists et data-analysts. Ces solutions sont utilisées par différentes industries « dans des cas d’usages qui sont par exemple le suivi des actifs connectés, les tests de régression sur des hardwares complexes ou la maintenance prédictive » illustre Bora Kizil.
Bora Kizil, CEO de Ezako
Détection d’anomalies et de patterns
Premier logiciel lancé par la startup, Upaglo détecte différents types d’anomalies. Sur une vingtaine de descripteurs, l’algorithme repère les points qui s’écartent de la normalité. Mais surtout, il va pouvoir détecter les anomalies multi-variées, qu’on ne peut pas voir à l’œil nu. « Imaginez que votre ordinateur est à 50°C, pose Bora Kizil. C’est normal, un CPU est fait pour tourner à 50°C. Mais si vous l’avez pas allumée depuis deux jours, là, c’est anormal. Donc, la même valeur, dans un contexte différent, peut signifier une anomalie ou non. Face à des évènements multi-variés, avec plusieurs données de capteurs, Upalgo parvient à détecter le contexte dans lequel est le système pour repérer ce qu’on appelle des « tiny clues ». L’anomalie est identifiée et les équipes peuvent donc être réactives avant que le problème ne se produise ».
Upalgo permet également de repérer différents patterns au sein d’une série temporelle, permettant notamment de classifier les évènements. « Certaines anomalies sont connues. Sur une machine par exemple, une vibration, un bruit, peut signifier que le roulement est dégradé. On peut donc détecter le problème et les données qui correspondent à cette anomalie, de manière à pouvoir l’anticiper dans le futur » explique le CEO.
De Dauphine à la Suède en passant par Nostradamus
Créée il y a près de dix ans par Julien Muller et Ziad El Bizri, la société développe initialement un premier logiciel de recommandation pour e-commerçants. Le manque de dynamisme du marché pousse l’entreprise a ré-orienter son activité pour se positionner, au moment de l’arrivée de Bora Kizil fin 2016, vers la détection d’anomalie.
« On a d’abord commencé avec un transfert de technologie, se souvient le CEO. Initialement, l’algorithme de détection vient d’un brevet du CNES, appelé Nostradamus. On est ensuite entré à l’ESA BIC, l’incubateur de l’agence européenne liés au spatial. Le projet a démarré avec la détection d’anomalies de satellites. L’idée est ensuite venue d’offrir cette détection d’anomalie spatiale à d’autres industries ».
Anciens camarades de DEA en système intelligent à Paris Dauphine, Julien Muller et Bora Kizil font évoluer le logiciel, ajoutent des algorithmes et renforcent leur laboratoire de recherche à Sophia Antipolis. Treize personnes s’occupent désormais de la partie technique, sous la direction du CTO Julien, tandis que Bora assure la partie vente. Désormais, l’accent est mis sur le développement commercial, avec un regard sur l’étranger.
« Ça rentre exactement dans notre stratégie, affirme Bora Kizil. On vient d’intégrer un nouvel incubateur à Malmö, suite à l’arrivée d’un nouveau client suédois. Bpifrance nous a soutenus pour pouvoir étendre notre marché, avec un dispositif d’accompagnement sur des frais d’export. Les pays anglo-saxons ont une mentalité positive sur l’entrepreneuriat et l’innovation ».
Faciliter le travail des data-workers
Parallèlement à cette implantation nordique, Ezako continue d’éditer de nouveaux logiciels dédiés aux séries temporelles. Upalgo Labelling vient en effet d’être lancé, avant l’arrivée de deux autres produits, pour la fin de l’année, puis début 2023.
« La labellisation est un aspect essentiel du Machine Learning. Le problème, c’est que c’est un travail, très chronophage et laborieux » explique le CEO. Ezako a mis au point un système de candidat à l’annotation, qui permet à l’algorithme d’aller chercher automatiquement des évènements dans la série, par rapport à sa base de connaissance.
« Une fois qu’on a quelques annotations, l’algorithme va proposer à l’utilisateur de labelliser les autres événements qu’il considère comme des anomalies similaires. Ca permet un gain de temps considérable sur ce souci d’annotation ».
Upalgo labelling est déjà utilisé chez plusieurs clients de l’entreprise qui compte déjà un certain nombre de références. STMElectronics, NXP, deux des plus fabricants de microchip en Europe, ou encore sociétés de le secteur de la défense, avec Naval, la DGA ou Safran ont déjà fait confiance à Ezako.
L’entreprise cherche précisément à faciliter le travail des data-workers de ces entreprises, qui doivent gérer un volume de données conséquent. « Notre mission, c’est d’aider les data-scientists et data-analysts qui travaillent sur les séries temporelles. On veut faire en sorte de rendre leur quotidien plus facile ».
La collaboration avec HPE ouvre également de nouvelles pistes, avec le développement d’une offre commune pour répondre à certains besoins clients. « On a beaucoup d’entreprises qui souhaitent avoir le logiciel Upalgo directement installé sur le site et non sur le Cloud, souvent pour des raisons de confidentialité de données, précise Bora Kizil. On est en train de bâtir une offre commune Hardware et Software, directement avec un serveur qui fait tourner Upalgo, installable sur le site de nos clients. On voit bien que le marché commence à préférer ce genre d’architecture, plutôt que des architectures Cloud ».
Un partenariat fructueux et une nouvelle référence de choix pour la startup française, qui poursuit sa croissance avec beaucoup de projets et d’ambition.