Améliorer la prise en charge des patients en mettant l’intelligence artificielle entre les mains des radiologues et des cliniciens. C’est l’ambition de Pixyl, une startup qui propose des solutions d’analyse d’imagerie cérébrale, pour le diagnostic des maladies neuro-dégénératives, notamment la sclérose en plaque.
Analyser automatiquement l’imagerie médicale grâce à des solutions d’intelligence artificielle. Senan Doyle a travaillé pendant plus de dix ans de sa jeune carrière sur ce sujet d’avenir. A partir d’images de scanners, d’IRM et de radiographies, l’Irlandais cherche à automatiser l’identification d’anomalies et à extraire des mesures cliniquement pertinentes pour améliorer la prise en charge et le traitement des patients.
Après un Ph.D au Trinity College de Dublin, l’ingénieur irlandais fait ses valises pour le RhôneAlpes, pour approfondir ses recherches au centre grenoblois de l’INRIA. Dans son sujet de thèse, l’ingénieur cible plus particulièrement les personnes atteintes de maladies neurologiques, et notamment, la sclérose en plaques. « J’ai des gens dans ma famille qui sont touchés par cette maladie, confie Senan Doyle. J’ai pu voir à quel niveau elle est horrible, et compliquée à gérer. Je voulais étudier comment je pouvais les aider ».
Le chercheur devenu entrepreneur
Durant ses recherches post-doctorales, Senan est épaulé par deux professeurs spécialistes de neuro-imagerie : Florence Forbes de l’INRIA et Michel Dojat de l’INSERM. Ensemble, ils mettent au point les premières solutions d’analyse automatisée pour la sclérose en plaques. L’Irlandais travaille aussi étroitement avec des neurologues qui l’encouragent à développer ces produits, alors inexistants sur le marché. « Il y avait deux options, pose Senan Doyle. Soit on en fait des publications à destinations des laboratoires. Soit, on créée une entreprise, en développant nous même la technologie et en faisant toutes les démarches de certification pour l’utiliser dans la routine clinique ». L’Irlandais opte pour la deuxième option et troque sa blouse de laboratoire contre le costume d’entrepreneur. En 2015, il co-fonde avec ses deux professeurs la startup Pixyl.
Avec sa société Pixyl, Senan Doyle développe des solutions pour analyser de manière automatique les images provenant des IRMs, scanners et radiographies.
« Quand on sort des laboratoires, on est confronté à la vie réelle, et à toutes les complications qu’elle peut entraîner, raconte Senan Doyle, qui cherche alors à appliquer des technologies de Deep Learning sur les machines d’imagerie médicales. Il y avait des tas de modèles et de marques différents, même au sein d’un même hôpital. On a beaucoup travaillé pour arriver à une solution robuste qui fournit les mêmes informations, quelque soit le constructeur de la machine » affirme le CEO. Senan doit ensuite affronter le parcours du combattant de la certification et obtient le marquage CE classe 2.A en 2019, qui permet la commercialisation de son dispositif médical en Europe. L’entrepreneur peut alors partir à l’assaut des hôpitaux, CHU et cliniques pour montrer sa technologie.
Apportant un outil d’aide à la décision pour les radiologues, les solutions de Pixyl sont déjà déployées dans plus d’une quarantaine d’établissements de santé en Europe.
Faciliter le travail des radiologues
« Notre domaine principale, c’est la sclérose en plaques, une maladie pour laquelle il existe toute une variété de traitements. Le problème qui est posé aux radiologues et aux neurologues, c’est de savoir si la maladie est active ou pas, afin de choisir le meilleur traitement », explique Senan Doyle.
Dans ce sens, les solutions de Pixyl agissent comme un outil d’aide à la décision pour les radiologues. Concrètement, pour un cas de sclérose en plaque, la startup produit une analyse des images médicales puis fournit un rapport quantitatif, avec des images annotées qui permettent d’identifier et de catégoriser les différents types lésions. « Certaines sont stables, certaines sont actives, d’autres sont nouvelles… Ces informations là permettent aux neurologues de savoir si la maladie progresse ou non » illustre l’Irlandais.
Pixyl est capable de caractériser la nature des lésions cérébrales ou encore la perte de volume de certaines zones du cerveau, particulièrement pertinentes dans le cadre des maladies neuro-dégénératives, comme Alzheimer.
Pixyl identifie d’autres maladies neurologiques, telles que l’épilepsie, la schizophrénie, l’autisme. L’entreprise cible également la maladies neuro-dégnératives, en mesurant la perte de volume des différents secteurs du cerveau. Des symptômes que l’on retrouve chez les personnes atteintes de démence ou de la maladie d’Alzheimer.
« Les appareils d’imagerie permettent de voir les différentes structures du cerveau. Nous, on a quantifié ces structures de manière à pouvoir mettre en évidence la perte de volume et les changements longitudinaux de toutes ces zones du cerveau » précise Senan Doyle. Ces avancées facilitent considérablement le travail des radiologues, qui peuvent notamment s’atteler à d’autres tâches que l’analyse d’images médicales. « En temps normal, c’est un travail très chronophage. Un radiologue peut prendre trente à quarante minutes pour la lecture d’un IRM, affirme le co-fondateur. Il doit analyser parfois des centaines ou des milliers d’images, puis les comparer avec les examens précédents… Ce qu’on fournit, c’est un support qui pré-mâche le travail pour les radiologues ».
Déploiement, recrutement, élargissement
Disposant désormais de solutions robustes et des certifications nécessaires, Pixyl est entré dans une phase de croissance, avec l’objectif de se déployer dans différents établissement de santé partout en Europe. Une ambition pour laquelle Senan Doyle compte bien s’appuyer sur le partenariat avec HPE. « HPE détient une grande connaissance du marché médical et de ses acteurs. Ils seront de bon conseil pour optimiser notre installation dans les différents centres et pour s’adresser aux différents marchés » explique le CEO.
Pour l’instant, les solutions Pixyl sont déjà utilisées dans près d’une quarantaine d’établissements, et le chiffre est en constante augmentation. Grands hôpitaux, CHU, cliniques privés, centres publics… L’entreprise vise des structures de toute taille, principalement en France, mais aussi en Italie, en Suisse, en Espagne et en Allemagne. Les Etats-Unis sont également dans le viseur de la startup, qui attend la certification « FTA approval » pour commercialiser ses services sur le sol américain.
Les effectifs de l’entreprise montent eux aussi en flèche. Une vingtaine d’employés travaillent déjà chez Pixyl et l’entreprise espère recruter de nouveaux profils pour assurer l’installation dans les nouveaux centres. Elle aspire également à rajouter de nouvelles technologies dans son portefeuille de solutions. Pixyl a ainsi intégré le consortium AI Dream pour accélérer le développement d’algorithmes en imagerie médicale, avec une application cette fois pour améliorer la détection et le traitement du cancer du foi.
L’équipe Pixyl mêle des profils et des compétences variés. Un secteur technique avec des chercheurs et développeurs, une équipe chargée des certifications et une autre Marketing & commercial.